Déambulation vichyssoise, sur les pas de notre guide Antoine Estienne

17 mars 2018


L’accueil des participants devant la gare de Vichy à 9 H 45 nous conduit à parler de celle-ci. En 1861, Napoléon III, venant prendre les eaux à Vichy, arrive en calèche depuis Saint-Germain-des-Fossés. Il décide de prolonger la voie ferrée jusqu’à Vichy. Les travaux ont lieu en 1861 et 1862. L’architecte Flandrin fût le concepteur de la construction de la gare en calcaires blancs et briques. L’entrée par un arc de triomphe débouche sur une salle d’attente, une des plus belle de France. La voie ferrée fut prolongée jusqu’à Clermont-Ferrand en 1932.

En face s’élève l’hôtel le Central, construit en 1906.

Plus loin la poste, témoin du Régime de Vichy, est construite en 1935, en béton genre "art déco", dont les ferronneries géométriques étaient les plus modernes d’Europe. Cette poste fut l’une des raisons dans le choix de Vichy en 1940 car elle était en relation avec le monde entier. Elle était d’une couleur légèrement verte à l’époque (le vert allemand !). Vichy pendant la deuxième guerre disposait de 100 000 chambres d’hôtel pouvant loger 45 000 fonctionnaires. D’une part la station thermale était connue du monde aisé venant effectuer une cure et d’autre part, Laval habitait à Châteldon, à proximité…

L’hôtel de Ville, construit en 1913, est inspiré de l’hôtel de Ville de Paris. Il est néo renaissance et a demandé 15 années de travaux. A côté, un bâtiment Art Déco genre "Folies Bergère". Deux médaillons représentent l’art de la danse et de la musique. Deux cents hôtels à une certaine époque puis la grande dégringolade dans les années 1980-1990.

L’église Saint-Louis, 1865, néo-roman a été construite à la demande et sous les subsides de Napoléon III. Elle est en calcaire d’Apremont (carrière vers Nevers), calcaire gélifié.

L’hôtel Astoria qui abritait les SS, a été construit en 1909, architecte René Moreau.

L’hôtel de l’Europe, Pavillon de la restauration avec galerie reliant certains bâtiments art déco Parc des Source genre très chic Hôtel du centre art déco, très chic et sobre, construit entre 1920 et 1930.  La Source de l’hôpital coule à 34°, soigne foie, rate et pancréas. Elle se dénommait avant "fontaine carrée". Le pavillon construit en 1907 fût démoli et réaménagé en 1946. Napoléon III fût à l’origine du boulevard ceinturant une partie de Vichy et des ponts sur l’Allier.

César a traversé deux fois l’Allier, l’une pour se rendre à Gergovie, l’autre pour en revenir. Il utilisait des éléments préfabriqués que ses légionnaires déplaçaient. Depuis le moyen-âge, d’autres ponts furent construits, des ponts en bois qui s’écroulèrent les uns après les autres. Fin XIXème siècle, on utilisait un bac. En 1835, un pont suspendu sur Bellerive s’écroulera. En 1870 un autre pont fût construit le long des digues. Enfin en 1929, décision d’un nouveau franchissement qui sera établi entre 1930-1932. En juin 1940, projet de destruction. Épisode de Pierre Laval en panne à l’entrée du pont. Le 20 août 1944, Pétain traverse ce pont avec les allemands sur Bellerive. En 1943 une inondation s’installe quelques jours.

Le parc Napoléon III était un jardin anglais à l’époque. Le Pavillon Sévigné : Mme Ravin au XIXe siècle affirma que Madame de Sévigné était passée en 1624 dans sa demeure. Vrai ou Faux ? Cependant, Albert Lebrun en 1940, habita cette demeure de même que le Maréchal Pétain. Castel Franc XVI qui fut la mairie de 1801 à 1822 abrite aujourd’hui le musée de la Compagnie Fermière.

La Source des Célestins puis l’usine d’embouteillage était déjà présente aux temps médiévaux. En 1703 cette source appartenait à un ingénieur. En 1817 on construit le premier pavillon. On y soigne rein et vessie. Elle fut moins fréquentée au début du XX siècle. Le plan est ovale. Le rocher des Célestins sacralise la source. Des motifs de vagues ornent la balustrade supérieure. Sur cet endroit était installé un monastère médiéval des Célestins, moines agrégés aux Bénédictins. Cet ordre comprenait 100 couvents en Italie et Philipe-le-Bel lintroduisit en France. Il fut reconstruit par le Duc de Bourbon, puis mis à sac pendant les Guerres de Religion. En 1778, il s’étiole puis il disparait en 1789. Le Lycée Célestin. Vieil hôtel détruit par un incendie puis transformé depuis 1945 en lycée. Il représente une proue de paquebot.

L’église Saint-Louis où Pétain assistait le dimanche à la messe. Le Centre Valérie Larbaud était occupé par la milice en 1940. Combien de tortures et d’exécutions de suppliciés ont eu lieu dans ce site, notamment dans les ascenseurs ! En 1930 il servait de petit casino pour les jeux de hasard.

La rue privée Albert Colombier (1890). Colombier louait des villas aux médecins. A signaler la maison concierge greffée sur un autre bâtiment.

La Villa Jurietti : Castel Français reclassé pour les prisonniers de guerre dans laquelle travailla François Mitterrand. Un temps pour la culture, un temps pour la convivialité autour d’un « couscous ».

Reprenons la visite par une église très curieuse, ou plutôt deux églises, l’une de style roman datée de 1714 mais qui nous semble plus ancienne, Notre-Dame-des-Malades et l’autre l’agrandissant, l’église Saint-Blaise du XX siècle commencée en 1925 et terminée en 1956. A l’extérieur une dalle de verre translucide sur le clocher campanile s’éclairant la nuit. Intérieurement un foisonnement de peintures, fresques et vitraux, œuvres des ateliers Mauméjean. La clôture du chœur est en onyx et le sol en émaux de briard, les piliers en bétons sont imprégnés de lapis lazuli. Une des maisons les plus anciennes de Vichy, la maison aux trois piliers date de la Renaissance, 1490. Elle a servi d’hôtel de ville à la Révolution.

La Galerie marchande du square de l’hôpital. En 1893 l’hôpital est détruit et l’on construit cette galerie.

Le Kiosque à musique (1902), avec une grille qui l’entoure portant des notes musicales sur la clôture de fer qui représentent des chansons enfantines. Le Pavillon restauration a été reconstruit. Empruntons les galeries couvertes des parcs de Vichy, galeries exécutées pour l’exposition universelle de 1900 et installées à Vichy, un travail rigoureux d’Émile Robert, célèbre ferronnier d’art du début du XX siècle. Le hall des sources, 1898-1902, vaisseau de fer et de verre art déco et art nouveau. Il a été refait en 1928. Soins digestifs et hépatiques. Grands Thermes 1903, le plus grand espace thermal de France.

Avenue Napoléon III et des États-Unis entièrement coupée pendant la guerre, due aux administrations concernées. Chalet Clermont-Tonnerre, chalet Marie-Louise, Castel Vénitien, Castel Gothique. Opéra 1900 qui remplace la disposition précédente. Le seul opéra art-déco en France. Puis le Casino achève cette journée fort dense pour l’esprit et le physique.

Marcher dans une ville pendant plus de cinq heures est souvent plus éprouvant que parcourir une étape du « Camino » !! Nous sommes fatigués mais heureux de cette journée « vichyssoise ».

Ultreia !

Jacques Pourreyron
Commandeur d’Auvergne

Affiche de Louis Tauzin pour la Cie PLM, 1910.

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Bon vent à la Bretagne

1er Décembre 2017

Nous en avions parlé à Sorges, lors de notre chapitre, entre deux visites, Lascaux IV et une déambulation dans le vieux Périgueux... Nous en avions sérieusement reparlé autour de la table entre un chouia de foie gras et un zeste de confit... L'air périgourdin a fait le reste, nos bretons l'ont emporté avec eux et conjugué à l'eau, élément essentiel en Bretagne, la métamorphose s'est produite.

Nos consœurs et confrères de Bretagne ont décidé de se constituer en conseil provincial. La commanderie de Bretagne est née.

Merci et bon vent.

La confrérie sait qu'elle peut compter sur votre engagement et votre dynamisme pour faire vivre ses valeurs et celles du monde jacquaire.

Bernard LEFILS
Grand Commandeur

Sous les auspices de BELENOS, d’ARMAETHON, d’ARNEMATIA (déesse de l ‘eau) et surtout des 2 300 Dieux bretons, nous légation de Bretagne décidons de présenter notre dossier en vue de nous constituer en commanderie. Entourés de 13 pèlerins et convers, nous avons dignement fêté cette heureuse évolution. Notre souhait était de renforcer les liens tissés depuis de nombreuses années entre nous et d’accompagner le Conseil National de l'Ordre de notre confrérie dans la difficile mission qu’il assume.

Ultrëia !!

Henri FERU

Un conseil provincial : c'est du sérieux...

Un ambitieux et beau projet pour le Comtat Venaissin : la Via Avenio

15 novembre 2017


La confrérie provinciale du Comtat Venaissin, existe depuis le début de cette année et déjà, elle porte un ambitieux projet : Créer un Chemin dans les pas des pèlerins millénaires au départ d’Avignon. Il s’agit de relier le GR 653D à CAVAILLON (Via Domitia en provenance du Montgenèvre) au GR 670 à AVIGNON (Chemin « Urbain V » en provenance de Nasbinals) vers le GR 42 (Chemin du Pilat à la Méditerranée en provenance de St-Étienne) pour rejoindre le GR 653 (Via Tolosana) à St-Gilles-du-Gard en passant par Beaucaire après avoir longé le bord du canal du Rhône à Sète. Cette variante représente 40 à 50 km.

Il est naturel de s’interroger sur nos motivations. Il nous semblait très étrange de ne pas trouver traces de chemins pèlerins vers ou à partir de la Cité Papale d’Avignon au moins du temps de sa superbe entre 1305 et 1425… Nous comprenons que Rome, après avoir récupéré le Pape, grâce à Catherine de Sienne, ne voulait plus entendre parler d’Avignon, et de ce fait il est fort difficile de retrouver quelques preuves écrites de passages pèlerins… Toujours est-il qu’au-delà de ces querelles de pouvoir, le Pèlerin marche toujours par monts et par vaux vers sa propre félicité, même si parfois le carcan religieux le contraint quelque peu. Néanmoins des traces perdurent : topologiques (bornes, cairns et calvaires) ou physiques sur les chemins par le bâtis (églises, chapelles dédiées, fermes Templières) et des noms de lieux et de passages qu’au fil du temps les cheminants ont su se transmettre. Mais la modernité a pris le pas sur leurs pas, et ce sont à présent nos grands axes routiers voire ferroviaires. On oublie que ces routes furent sillonnées par le pied cherchant du souffrant cheminant. Sentes, sentiers et Chemins sont autant de liens gravés en terre par les empreintes de nos prédécesseurs.

Ces chemins oubliés ont été forgés par la volonté du cœur, la pugnacité du corps et la ferveur de l’esprit. Gardons cela en tête à chacun de nos périples quand nous posons nos pieds dans leurs pas séculaires… (Ponts, portes médiévales, voies romaines, lieux de cultes etc.…) et respirons un peu de ce passé pour mieux appréhender notre Prochain et nos pas futurs. C’est ce qui différencie le Pèlerin du marcheur ; maintenant à nous, dans nos recherches historiques, administratives et physiques, de retrouver les marques qu’ils nous ont discrètement laissées, ici ou là, pour réveiller enfin ce passage en Avignon et créer cette variante.

Nous avons déjà quelques certitudes historiques, attestées par des vestiges jacquaires. Le départ de notre future voie s’effectuera de la chapelle Saint-Jacques pour atteindre Cavaillon. Elle passera par la Croix St-Jacques à Caumont-sur-Durance, fera découvrir la Chartreuse de « Bonpas », lieu appelé passage de « Maux-pas » par les pèlerins pauvres qui ne pouvaient se payer les droits de passage par le Pont d’Avignon et qui franchissaient la Durance à gué (sans compter les brigands). Quant à Avignon il ne reste que la porte de l’Oulle (ex-porte Saint-Jacques) et quelques rares traces dans certains musées…

Notre objectif est simple et clair : Faire d’Avignon un passage (une variante presque obligée) et une étape pèlerine entre les quatre grands axes migratoires pèlerins les plus proches, tant GR (sentier de Grandes Randonnées) que pistes cyclables.

Rappelons ces grands chemins qui nous entourent :
1. Nord / Sud : La « Via Rhona », du Léman à la Méditerranée par Avignon ;
2. Nord-Ouest / Sud-Est : Le Chemin de « Urbain V », de Nasbinals (Aubrac) sur le GR 65, la « Via Podiensis » par le GR 670 à Avignon) ;
3. Par l’Est : récupérer le GR 653D « Via Domitia », qui relie le Montgenèvre (sur la « Via Francigena ») à Arles sur le GR 653A en provenance de Menton en créant la variante La « Via Avenio », de Cavaillon à Avignon en passant par Caumont-sur-Durance et la Chartreuse de « Bonpas » ;
4. Par l’Ouest après le pont Daladier, rejoindre le GR 42 en provenance de St-Étienne (du Pilat par les balcons du Rhône) vers Aramon et Beaucaire puis St-Gilles-du-Gard par les bords du canal du Rhône à Sète.

Il est bien évident que ce projet n’a de sens que s’il est encouragé par le soutien effectif des collectivités territoriales traversées et partagé avec nos amis des autres associations jacquaires présentes dans notre belle « province » du Comtat Venaissin.

Hugues Massis
Commandeur Comtat Venaissin

 

21 Juillet 2017


En cette belle journée d’été, notre confrère Gilles Achard nous accueille dans sa commune de Besse autour d’un café, agrémenté d’une brioche à la tome (un délice...). Gilles renoue vite avec son passé de professeur d’histoire et de géographie pour nous faire partager sa passion et ses grandes connaissances pour ce magnifique bourg situé dans le superbe massif du Sancy.

Le nom de Besse-en-Chandesse vient de l’occitan "bessa" et de Chandesse, lieu caractérisé par la culture du chanvre. Une légende prétend que la ville de Besse aurait été engloutie par le lac Pavin autour de 1250… pas de preuve tangible.

Besse-en-Chandesse est construite à 1050 mètres d’altitude et la majorité des maisons sont constituées de roches volcaniques, lave noire et basalte. Au Moyen-Age, il fallait franchir trois portes avant d’accéder à la cité. Besse était une riche ville marchande, lieu de passage obligé entre les vallées de l’Allier et de la Dordogne. Le beffroi est un symbole de la prospérité de la ville ; la girouette qui le surmonte est une tête de loup. Quand on pénètre dans le centre, on découvre de vieilles demeures construites en lave noire et agrémentées de portes et de volets rouges. Gilles nous fait observer que quelques toits sont restés en phonolithe, pierre volcanique au poids énorme. Certaines demeures ont conservé au-dessus du linteau de la porte, un écusson, blason de leur propriétaire.

Gilles saisit cette occasion pour nous parler Héraldique et expliquait le blason de sa ville "D'azur à saint Jean-Baptiste d'or dans le désert, accompagné de trois fleurs de lis du même". Une autre source donne "D'azur à un saint Jean-Baptiste dans le désert, d'or, accompagné de trois fleurs de lys posées 2 et 1". Une dernière précise "D'azur à saint Jean-Baptiste de carnation debout dans le désert, nimbé et vêtu d'or, chevelé et barbé de sable, tenant de sa senestre une longue croix d'or, adextré d'un agneau d'argent couché avec un arbre à senestre et accompagné de trois fleurs de lys posées en deux et un, le tout d'or".  Pas évident mais domaine à découvrir...

Nous nous dirigeons vers l'église Saint-André, édifiée dans le style roman à la fin du XIIème siècle avant d'être remaniée.

Découverte de l’intérieur

L’intérieur est sombre avec d’étroits bas-côtés. Derrière l’autel se trouve la vénérée statue de "Notre-Dame de Vassivière", vierge noire avec son enfant sur les genoux. Chaque été, le 2 juillet, cette statue est portée en procession, dans les alpages, jusqu’à la chapelle de Vassivière, située à 7 km : c’est la "Remontade" où elle passe l'été avant d'être redescendue lors de la fête de la "Dévalade", le 1er dimanche de septembre après la Saint-Mathieu. Gilles nous invite à découvrir les 28 chapiteaux en trachyte dont l’un retient toute notre attention car l’explication ésotérique venant de l’ancien curé Louis Perrier fait couler beaucoup d’encre.

Si la nef est romane, le chœur a été agrandi en 1551, il est gothique et a subi plusieurs modifications pour, in fine, être transformé en une abside semi-circulaire en 1822.

Parcours extérieur

On distingue quatre petites chapelles dont le toit est perpendiculaire à celui de la nef. Le transept est non débordant. Le porche a été rajouté à la période gothique. Quant au clocher, il a été détruit par… Couthon, durant la Révolution. Gilles nous convie à faire le tour des remparts et en profite pour nous en rappeler les origines. En 1270, Besse obtient du seigneur de la Tour d’Auvergne, Bernard VII, propriétaire de la cité, une charte de franchise accordant un certain nombre de libertés aux habitants. Ces derniers obtiennent notamment le droit de s’administrer eux-mêmes, grâce à l’élection de deux consuls chaque année. En l'absence de nobles, ce sont les bourgeois, commerçants, lettrés et hommes de loi qui dominent la cité. Le Bailli, représentant du seigneur de la Tour d’Auvergne, achète sa charge auprès de ce dernier et le représente sur place en rendant la justice et en percevant l'impôt. La ville devient une place commerciale qui se renforcera au cours des siècles. Elle s’entoure au XVème siècle de fortifications afin de se protéger, mais aussi pour affirmer son rôle de ville commerçante, riche et prospère.

Gilles retrace les grandes figures qui ont marqué Besse, Catherine de Médicis, héritière par sa mère des seigneurs de la Tour d’Auvergne et sa fille, Marguerite de Valois, la célèbre "Reine Margot". Nous abandonnons, à regret, la fin du XVIème siècle pour nous rendre au XXIème ... dans un authentique restaurant «bessard».

La culture n’attendant pas, l’après-midi est consacrée à la découverte plus affinée de la ville. Le programme est dense :

• la porte de la ville et la tour du Beffroi

• la maison des Consuls ;

• le manoir Sainte-Marie des Remparts, manoir construit en 1935 par Ernest Barthélémy qui a réemployé tous les éléments architecturaux laissés à l'abandon ou donnés par des propriétaires.

Gilles retrace alors, la venue à Besse de personnalités venues du monde de l’industrie ou de l’art. Nous apprenons que Marcel Michelin, Fils d'André Michelin (cofondateur avec son frère Édouard de la célèbre entreprise) et de Sophie Wolff, venait régulièrement, avec d'autres grandes familles clermontoises, s'oxygéner à Besse, où ils louent dans son entièreté ce qui deviendra l'Hôtel de la Poste et de la Providence. Il se prend de passion pour le ski qu'il découvre à Besse et cofonde, en 1911, le Ski-Club avec le curé Blot, dont il devient le président d’honneur. Il profite d'ailleurs de ses nombreux trajets depuis Clermont-Ferrand pour tester les pneus-neige produits par l'entreprise familiale.

De même, le peintre polonais Wladimir de Terlikowski (1873-1951), contemporain de Modigliani, Vlaminick, Derain, Foujita, part pour l'Auvergne en 1908. Il s'arrête à Besse où il peint quelques toiles, puis se rend à Murol pour rejoindre le groupe de peintres réunis par l’Abbé Boudal et Victor Charreton (future "École de Murol"). En 1913, il expose sur le thème de "La neige en Auvergne" (quatorze vues de Murol sont présentées). Par la suite, sa carrière s'internationalise.

Nous achevons notre visite au pied du monument aux morts. Comme toutes les communes françaises, Besse-en-Chandesse a été prise dans la tourmente de la Grande Guerre dès la mobilisation générale du 1er août 1914. Soixante-trois bessards partis au front n'en reviendront pas.

Gilles clôt cette très belle journée en évoquant la carte touristique développée par la commune, à la fin du XIXème siècle. Très tôt, les bessards ont décidé de miser sur leur environnement naturel pour faire de leur ville et de son territoire, une "station de cure d’air et d’altitude". Peu à peu, de luxueux hôtels se sont implantés dans le bourg et ont permis d’attirer à Besse les citadins qui fuyaient l’inconfort estival de la ville (chaleur, miasmes). Le pari est réussi. Au début du XXème siècle, Besse est une station renommée. L’introduction du ski en 1902 par l’abbé Blot et sa diffusion dans les écoles par l’instituteur Tixier va dynamiser ce tourisme naissant. La neige devient une chance. Elle permet d’accueillir les amateurs de ski durant toute la période hivernale. Aujourd’hui Besse a su aussi se diversifier, toute l'année dans les loisirs de pleine nature, notamment avec les activités liées au VTT ou à la randonnée.

Nous nous donnons rendez-vous à l’été 2018 pour partir découvrir la chapelle de Vassivière et son superbe environnement. Merci à notre infatigable "reporter photos", Marie-Christine Rothier.

Jacques Pourreyron et Bernard Lefils

Besse dans son écrin Les Jacquets sont fidèles au rendez-vous Gilles plante le décor... L'église Saint-André Belle façade de la cité médiévale

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10 Juin 2017


En cette belle journée du 10 juin, nous sommes vingt-deux participants pour vivre cette sortie organisée par notre confrère André Friteyre. André a prévu un programme dense et riche en matière de patrimoine.
Au menu, trois églises et le musée de la dentelle.

Commençons la découverte de l’église Saint-Pierre d’Arlanc

La façade

Lorsque nous sommes devant la façade de cette église, nous nous apercevons qu’il y a eu plusieurs phases de construction et des remaniements.  En attestent les différences de parements, pierres, granites et schistes de la région, fenêtres et contreforts.
Les deux contreforts de chaque côté du porche central définissent l’église primitive à nef unique datant des années 1040 à 1150. Les deux autres contreforts, l’un à droite, l’autre à gauche, soulignent l’extension de l’édifice qui a aussi été surélevé.
De l’église primitive, restent les deux fenêtres centrales et les deux fenêtres latérales dont l’une est auréolée d’un cordon de billettes.
En résumé, l’église du prieuré fondé en 972 fut reconstruite au XIIème siècle et remaniée moult fois notamment par l’adjonction de chapelles aux XVème et XVIème siècles le long des bas-côtés et par les phases successives de construction, destruction, reconstruction et nouvelle destruction (en partie) du clocher. A l’origine, existait en effet un clocher campanile dit « clocher à peigne » en Haute Loire. A la contre-réforme des XVème et XVIème siècles, la population en augmentation nécessita l’extension de l’édifice.
Un cimetière primitif s’étalait le long de l’église. Trop exigu, il fut abandonné. Un nouveau fut établi hors agglomération.
Sur cette façade, une pierre sculptée énigmatique, un chapiteau représentant « la mauvaise parole » et la statue de Saint Pierre vieille de plus de 800 ans.

Arlanc

Arlanc eut deux centres de développement. Au sud, la ville autour de son château fort fut bâtie sur un éperon barrant les vallées de la Dore et de la Dolore (il n’en reste rien). La ville était habitée par les « bourgeois » et le bourg plus populaire au nord s’était développé autour du prieuré fondé au Xème siècle (entre 950 et 1150) par Hugues de Montboissier, dit le « Décousu », un des plus puissants seigneurs de la contrée au moyen-âge. Hugues avait beaucoup de choses à se faire pardonner. Il alla à Rome où le pape lui accorda des indulgences plénières sous certaines conditions. Au retour, en France, il devait fonder en Piémont un monastère, Saint Michel de Cluse. Il en ramena trois moines et les installa à Sauviat, Cunlhat et Arlanc où il créa des prieurés dépendant de l’abbaye piémontaise.
Arlanc, un peu plus tard en 1184, reçut la visite de l’archevêque de Bourges, dont dépendait l’Auvergne.
Encore plus tard, en 1832 est inaugurée la route « Moulins-Le Puy ». Peut-être suite à la création de cette route, 16 maisons furent détruites rompant « la coquille d’escargot » que représentait le bourg autour de l’église.

Entrons dans l’église

La nef centrale primitive est entourée de deux nefs latérales du XIIème siècle. A l’origine, sa couverture était en planches et la voûte de pierre fut édifiée quand furent construites les deux nefs latérales.
L’église primitive n’était pas tout à fait orientée comme celle dans laquelle nous entrons. Ceci est prouvé par l’axe de la crypte, crypte antérieure à la construction du XIIème.
Ce qui frappe, ce sont les galbes des deux colonnes à l’entrée du chœur. Ce galbe fut occasionné par le poids du clocher carré édifié au XVème siècle. Autre remarque : de nombreuses colonnes ont leur base tronquée. Ceci est dû au besoin d’installer des bancs pour gagner de la place aux XVème et XVIème siècles, période de prospérité d’Arlanc.

Les chapiteaux

Nombreux sont ceux à feuilles d’acanthe. D’autres sont historiés :
- l’un montre deux lions affrontés,
- un autre à trois visages, qui seraient le symbole de la trinité,
- un troisième détache un homme aux jambes écartés et bras levés à côté d’un sonneur de trompe et représentation de Daniel dans la fosse aux lions (Daniel est, peut-être, représenté malaxant entre ses mains une boule empoisonnée pour donner aux fauves),
- un quatrième, plus classique, représente une sirène bifide,
- d’autres représentent la bonne et la mauvaise parole, des fleurs ou des serpents sortant de la bouche d’une tête.

La croisée du transept et le clocher

Au XVème siècle, a été détruite la coupole sur trompe pour élever un clocher. On a depuis un plafond en charpente.
On sait que Couthon voulut détruire tous les clochers, afin d’égaliser en hauteur tous les bâtiments des bourgs. On s’aperçut cependant que les clochers servaient de triangulation pour établir les cartes d’état-major. On arrêtera donc leur destruction. Ce clocher du XVème fut donc détruit à la Révolution en 1793. Il fut remplacé par l’actuel, sous la restauration en 1823/1826.
De construction trop massive, il a été amputé de sa flèche en briques rouges du pays (d’où le surnom de «carotte») qui mesurait 25 mètres en 1950.  Pour sa réfection, l'écrivain Henri POURRAT mobilisa la région.
Les cloches : Une du XIIIème ou du XIVème siècle montrant les armoiries du seigneur d’Arlanc serait la plus vieille du diocèse de Clermont-Ferrand. Trois autres sont antérieures à la Révolution dont une datant de 1492. Ces cloches auraient été sauvées par les femmes du pays.

Les vitraux

Ils sont du XIXème siècle. Un des maîtres verriers se nommait Tourlonias (un nom du pays).

Le mobilier

-    du XVIème siècle : vierge de piété en marbre
-    du XVIIème siècle : châsse de Saint Mary en bois sculpté, peint et doré, vandalisé à la révolution, fut mise à l’abri par de braves femmes.
Une autre châsse reliquaire, celle de Saint Pierre, sous l’autel.
Ces châsses ont été réinstallées comme les statues, sous Napoléon 1er
-    du XVIIIème siècle : statues de Saint Roch, Saint Mary, Saint Jean Baptiste, Saint Austremoine, bois peint doré
-    du XIXème siècle : Saint Elidie et une paire d’anges portant des cierges

Retournons à l’extérieur pour contempler le chevet :
- un sarcophage en granite du VIIIe siècle trouvé sur les bords de la rivière Dolore,
- du prieuré originel restent un puits et la cheminée

Nous nous rendons ensuite à Beurières pour visiter l'église Sainte-Marguerite

L’étymologie de Beurières hésite en « brebis » et « biber, le castor ».
Beurières est un village qui compte 330 habitants. Notre première vision de l’église se cantonne au mur sud où nous apercevons les chapelles latérales du XVème et XVIème siècle. Furent rajoutés les modillons d’origine pour soutenir la corniche de ces chapelles. La sacristie s’est greffée en 1778.

Cette église sous le patronage de Sainte Marguerite figure en 1096 dans les possessions du prieuré clunisien de Sauxillanges. A l’origine, elle était dédiée à la Vierge. Au XIIème siècle, reconstruite, elle prit le vocable de Saint Marguerite alors que le patron de la paroisse est Saint Eutrope.
On a affaire à un bâtiment de type vellave, église en général surbaissée dans laquelle on rentre par un escalier de plusieurs marches (Saint Pierre d’Arlanc est une exception).
Deux chapiteaux, face à face, ornent le portail d’entrée sud. Ils représentent d’un côté la bonne parole, fleurs sortant de la bouche du personnage, et de l’autre côté, l’écoute, individu aux grandes oreilles.

L’intérieur est très décoré, et a bénéficié d’une réfection complète récemment. Face à l’entrée, voûte et colonnes aux roses stylisées et bande de couleur noire ceinturant presque tout l’édifice. Il s’agit d’un motif appelé "litre" funéraire, ceinture funèbre posée sur les murs intérieurs d’une église pour honorer un ou des défunts. Ici peut-être en raison d’une grande épidémie de peste (ou autre) en 1348, ayant décimé 50% de la population.

La nef unique avec arcs doubleaux présente des colonnes engagées avec des chapiteaux peu historiés. Au XVème siècle, un agrandissement d’une travée près du chevet établit l’aspect d’une croix latine.
La porte d’entrée primitive à l’ouest a été bouchée.
La restauration d’une peinture murale du chœur au XIXème siècle dégagea une autre peinture murale sous-jacente, plus ancienne, représentant le Christ en gloire entouré des quatre évangélistes qui portent des phylactères.

Dans le chœur un chapiteau à trois têtes.    
Les deux chapelles latérales présentent des retables à colonnes cannelées du XVIIIème siècle qui proviennent du prieuré voisin de Chaumont.
Enfin à gauche du chœur encastré dans le mur une plaque en pierre représentant peut-être un labyrinthe (trois carrés druidiques concentriques ?)

Des nourritures spirituelles passons aux nourritures terrestres. Nous avons bien « ripaillé » à l’auberge de Ripailleur.

Les agapes achevées, nous entamons l’après-midi, avec une troisième visite à l’église de Dore avec son très beau porche à côté duquel est une « Cippe » c’est à dire une stèle funéraire gallo-romaine en l’honneur d’un certain Pristinus.
Les pentures de la porte (bandes métalliques qui soutiennent la porte) seraient dues au même forgeron que celle d’Auzon.

L’après-midi se poursuit, nous faisons « dans la dentelle » au musée d’Arlanc.
Les œuvres de ces dentellières sont si magnifiques que l’on en reste sur le « carreau ». Cette profession, menacée de disparition sous le règne de Louis XIII, fut remarquablement défendue par le Jésuite Saint François Régis. Un chemin existe entre Le Puy et Lalouvesc en Ardèche, aller-retour. Certains d’entre nous l’ont déjà parcouru.
Ensuite, André Friteyre nous invite à admirer une exposition consacrée aux objets liturgiques. André appartient en effet à la commission diocésaine chargée d’inventorier toutes les richesses des églises du département du Puy-de-Dôme.

Les plus courageux achèvent cette journée en allant visiter « Un jardin pour la terre ». Sur ce planisphère géant de plus de 6 hectares, unique en Europe, les visiteurs sont conviés à un véritable tour du monde à la découverte d’une collection sans cesse enrichie de 2000 variétés de plantes restituées sur leur continent d’origine.

Prochain rendez-vous le 21 juillet prochain dans le massif du Sancy pour découvrir la cité médiévale de BESSE.

ULTREIA !!

Jacques Pourreyron
Commandeur Auvergne

L'église Saint-Pierre à Aralanc Saint Roch en son église Les magnifiques fresques de l'église de Beurières La belle église de Dore La croix des jacquets

 

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