18 Mars 2017
En ce samedi du 18 mars 2017, vingt jacquets sont au rendez-vous devant la petite place de Manglieu, face à l’abbatiale Saint-Sébastien pour une visite que nous commentera notre guide, Madame Marie-Cécile MAILLARD.
Au préalable, un peu d’histoire s’impose
Avant le christianisme, cet endroit était pour les Celtes un lieu sacré dédié à une divinité en relation avec l’eau, due à la présence de la rivière Ailloux. Puis un certain MAGNUS, prête ou ermite, parti à Rome, (date imprécise VIIème siècle ?) en revient en rapportant dans un sac de la poussière de la tombe de saint Sébastien. Quand il décida de reprendre son chemin, il ne put retirer le sachet qu'il avait accroché à la branche d'un arbre. Devant cette impossibilité, il eut la révélation qu'il devait construire en ce lieu une église consacrée à saint Sébastien. Pour Gabriel Fournier, historien archéologue, le nom de la cité viendrait du latin Magnus locus qui signifie « lieu important, célèbre ».
Au milieu du VIIème siècle, Manglieu appartenait à la famille de saint Genès qui fut évêque de Clermont et fonda un monastère. Quelques années plus tard, un autre évêque de Clermont, saint Bonnet s’y installa. Charlemagne serait passé à Manglieu. C’est à cette époque carolingienne que l’église du monastère prit le vocable de Saint-Sébastien.
Il est temps de visiter
L’église a connu d’'importantes restaurations à partir du XIIème siècle. Il en subsiste un narthex avec tribune à l'ouest qui reprend l'architecture qu'on peut voir dans les grandes églises d'Auvergne et s'ouvrant sur la nef centrale par trois arcades en plein cintre, et par deux arcades sur les nefs latérales. Il comprend trois vaisseaux. Le mur occidental de la travée centrale de la tribune est creusé de deux niches cintrées ressemblant à des absidioles. On retrouve à Notre-Dame-du-Port, à la tribune occidentale de Saint-Benoît-sur-Loire et à Romain-moutier. Le clocher carré surmontant le narthex a été remonté, vers 1610, par l'abbé Guillaume II Montmorin d'après la Gallia Christiana.
Le chœur est la partie la plus ancienne (VIIème siècle), de couleur beige clair, il se termine par un mur plat. Ce chœur est l'église mérovingienne construite sur un plan presque carré (7,14 m x 7,17 m). Il est ouvert sur la nef par un arc triomphal orné par deux colonnes antiques en marbre cipolin portant des chapiteaux corinthiens en marbre des Pyrénées inspirés de l'antique. Le plafond est recouvert d’un lambris datant de 1925. Poursuivons notre déambulation. Le tabernacle est du XVIème siècle. Nous admirons un sarcophage carolingien avec chevrons et chrisme que des spécialistes font remonter au commencement du VIe siècle. Une draperie attire notre attention, le Christ est représenté, sans bras, jambes coupées ; il a un visage apaisé. Sur le bas-côté Est, une grande vasque romane est présente. Nous montons à la tribune où nous dominons la perspective de la nef et du chœur. Ensuite, notre guide nous conduit côté de l’abbatiale pour découvrir les derniers vestiges du cloitre. Très peu de choses…A la Révolution, le monastère fut légué à l’Hôtel-Dieu de Clermont, notamment les terres et forêts. Durant la seconde Guerre mondiale, ces forêts furent exploitées par l’entreprise Michelin pour produire du charbon de bois.
Notre matinée culturelle et spirituelle étant achevée, place à la convivialité au restaurant de la Place à Saint-Babel, sur les terres de notre confrère Paul RODDIER.
A la découverte du château de la Chaux-Montgros
Les agapes ayant pris fin, notre journée n’est pas finie. Le programme de l’après-midi est réservé à la découverte du château de la Chaux-Montgros sur le territoire de la commune de Sallèdes. Et pour nous conter cette histoire chaotique de cette construction charnière entre « château-forteresse médiévale » et « château-grande résidence rurale », construction Renaissance d'influence italienne du début du XVIème siècle, nous avons choisi, l’ancien maire de la commune, le président actuel de l’Association Renaissance du Château de La Chaux-Montgros (A.R.C.M.) Pierre COURTESSEYRE.
Nous quittons donc Saint-Babel pour nous rendre, quelques kilomètres plus loin, sur site. Le Château de La Chaux-Montgros apparaît, majestueux, à flanc de colline, dominant le vaste Pays du Comté d'Auvergne, et, au-delà, les plaines de la Limagne, les Monts Dômes et la Chaîne du Sancy. Il se détache dans un cadre de paysage et de prairies, et dessine, à l'orée de la Forêt de la Comté, sa silhouette miraculeusement intacte mais cependant découronnée... Pierre Courtesseyre, véritable passionné, infatigable défenseur de ce château qui constitue, d'avis unanime, un monument majeur unique en Auvergne (et vraisemblablement unique en France…) va nous entrainer, avec grand humour et fort talent…dans les secrets de ce curieux château.
Laissons-nous emporter par sa verve… Pierre nous relate, avec force détails le destin chaotique, alternant les périodes fastes et néfastes pour finir presque à l’état de ruines après la Seconde Guerre mondiale, à partir de laquelle la situation va rapidement s’aggraver. Les deux tentatives de sauvetage, dans les années 1970 et 1990 se sont essoufflées, tant la tâche est immense et contraignante pour les bénévoles, même les plus passionnés…
En août 1990, M. Christian PREVOST MARCILHACY, inspecteur des Monuments Historiques au Ministère de la Culture et de la Communication, s'exprimait en ces termes, dans un courrier adressé au Directeur Régional des Affaires Culturelles : « Lors d'une tournée dans le Puy-de-Dôme, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un ensemble d'un grand intérêt, témoignage superbe de la Renaissance en Auvergne un projet architectural d'envergure dû à un maître très savant... ». Dans les mois qui suivirent, commentant la visite qu'il avait faite de l'édifice, il écrivait : « J'ai été frappé par sa masse imposante, par sa parfaite insertion dans le paysage et par la composition monumentale constituée par les terrasses et les escaliers devant la façade... par la modénature des éléments architectoniques et la qualité des enduits qui contribuent à rendre très souhaitable la sauvegarde de ce bâtiment de grand caractère ». Vaste corps de logis rectangulaire flanqué à chacun de ses angles d'une tour circulaire, il devait avoir fière allure à l’époque avec ses « hautes toitures, ses hautes combles et ses quatre tours couronnées par des lanternons ».
L’ensemble des travaux, estimés à plusieurs millions de francs de l’époque et d’euros d’aujourd’hui, a été financé en utilisant toutes les possibilités offertes : subventions publiques, aides privées, sponsoring, mécénat, chantiers d’insertion, de jeunesse, compagnonnage, etc.
Aujourd’hui, on peut affirmer que le château de la Chaux-Montgros est sauvé, grâce au travail des bénévoles de l’association A.R.C.M., de l’action incroyable d’un homme, Pierre Courtesseyre, qui de par ses fonctions de maire de Sallèdes, puis, actuellement de président de l’association n’a cessé de se battre sur tous les fronts, juridique, municipal, médiatique pour qu’un jour revive ce château. Seul patrimoine classé Monument historique de la commune de Sallèdes, le château est aujourd’hui connu et admiré pour son site, son architecture unique et originale, son authenticité et la chaleur que dégagent les lieux.
La tâche demeure immense mais la volonté de Pierre est toujours intacte, alors continuons à être à ses côtés pour faire connaitre cet édifice remarquable d’Auvergne et tenter de mobiliser de nouveaux fonds pour continuer le chemin…de la renaissance. Ultreia !
Jacques Pourreyron
Commandeur d’Auvergne
Bernard Lefils
Grand Commandeur
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