Un texte paru simultanément dans "Les oreilles du chemin" et dans "Camino"
Notre confrérie s'insurge contre l'attaque dont fait l'objet un de nos hébergements recommandés à saint Privat d'Allier. Elle tient à soutenir Marie et Jean-Marc les propriétaires de cette maison victime d'avoir instauré au sein de leur établissement le système du "Donativo" que chaque cheminant vers Compostelle connaît bien et qui consiste essentiellement à permettre à des pèlerins de payer leur nuitée en fonction de leur possibilité financière et qui s'adresse, de ce fait, à des personnes peu fortunées... Il s'agit là d'une solidarité bienvenue et qui est dans le droit fil ce que que doit être l'esprit du chemin. Nous pensons aussi qu'en terme d'hébergement chaque formule a sa place et que la pratique du "donativo" ne peut en aucune manière nuire aux propriétaires de gîtes qui appliquent une tarification.. Nous précisons d'ailleurs que notre confrérie ne fait aucune distinction entre les deux formules et que nos recommandations ne sont basées que sur la qualité de l'accueil et l'esprit qui l'entoure. L'hébergement mis en place par Marie et Jean-Marc à Saint Privat d'Allier correspond parfaitement à nos critères de sélection et nous souhaitons vivement que la raison l'emporte sur toute forme de jalousie ou mesquinerie qui n'a pas sa place sur nos beaux chemins de Compostelle...
Voici donc ci-dessous le texte en question qu'il nous plaît de relayer et nous serions particulièrement heureux s'il vous été possible de témoigner votre soutien à Marie et Jean-Marc en ces moments particulièrement douloureux pour eux.
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Nombreux sont les pèlerins à s'être arrêtés en cet endroit depuis son ouverture, il y a dix années, à y avoir trouvé chaleur, hospitalité et gentillesse, bonne table et bon feu. Cet hébergement se veut chrétien et applique depuis le début la règle du donativo, ou libre participation. Chacun, en partant, laisse la somme qu'il souhaite dans une petite boîte discrètement placée.
Cette manière de donner l'hospitalité n'a pas été du goût de tout le monde dans le village (comme en d'autres endroits du GR 65), et certains hébergements, ils se reconnaîtront sans avoir besoin de les citer, ont multiplié les chausse trappe pour tenter d'éliminer cette « concurrence déloyale ». Comme si la Croix-Rouge faisait concurrence aux médecins... La justice s'en mêlant, un jugement fut rendu en 2004 par la cour d'appel de Poitiers, puis en 2009 par le tribunal de grande instance de Rodez, qui dédouanait totalement les accueils en libre participation de toute accusation de travail au noir ou de concurrence déloyale.
Mais les imbéciles ont la tête dure et la rancune tenace. Alors que la situation semblait à peu près calme, voici que Jean-Marc Lucien fut convoqué par la gendarmerie de Bains le 16 juin pour y être auditionné afin d'y répondre des chefs d'inculpation d'escroquerie, travail dissimulé, pratique commerciale trompeuse, publicité mensongère, ventes de boissons alcooliques entre 22h et 8h sans formation, ouverture d'un bar sans autorisation, atteinte à la propriété intellectuelle, etc... Ne manque plus à la panoplie du stupide que la tenue d'un lupanar et la vente d'armes de guerre...
À peine arrivé à la gendarmerie, l'officier-enquêteur a placé Jean-Marc en garde à vue... Heureusement, celui-ci avait pris la précaution de venir avec son avocat. Ils apprennent alors que cette enquête est diligentée suite à une plainte de la Communauté d'agglomération du Puy. S'en suit durant cinq heures un interrogatoire totalement décousu où se mélangent en un salmigondis gluant d’accusations hautement folkloriques. Par exemple que les balises en coquille de
la variante de Saint-Joseph ont été posées afin de faire de la publicité pour l'accueil Emmaüs (la preuve, ce sont des coquilles...), que le site webcompostela est une pompe à finances pour vendre des produits dangereux et receler des sommes non déclarées, que le guide des Haltes chrétiennes cite l'accueil Emmaüs, preuve incontestable de publicité interdite (et pourtant quoi de plus anodin pour un guide des Haltes chrétiennes que de citer une halte chrétienne...).
Jean-Marc, extrêmement rigoureux en comptabilité, apporte la preuve comptable de chacune des entrées et sorties d'argent, le tout ayant été dûment déclaré à l'administration des impôts.
Après signature du procès-verbal, l'officier-enquêteur annonce qu'il va effectuer une perquisition au domicile du criminel afin d'y découvrir les preuves incontestables de la gigantesque escroquerie. Sur place, n'ayant bien entendu rien trouvé, à part un accueil de pèlerins, il décide de poser les scellés sur les lits. Vous avez bien lu : en 2015, un officier de police judiciaire s'en va poser autour de chaque matelas, dans un accueil du chemin de Saint-Jacques, sa petite ficelle et son cachet de cire, avec l'argent de nos impôts, afin que cesse incontinent ce trouble gravissime à l'ordre public. Heureusement que le ridicule ne tue plus...
L'enquête transmise au procureur de la république du Puy, monsieur Louvier, étant truffée d'approximations et d'inexactitudes, va peut-être faire pschitt, d'autant qu'en droit français il est impossible de juger une seconde fois la même affaire. Cette histoire d'accueils donativo ayant déjà été jugée en 2004 et en 2009, on va peut-être s'acheminer vers un non-lieu qui honorerait la justice française. Sauf si le procureur décide de charger la barque avec l'ouverture de cabaret nocturne pour pèlerins en goguette...
Il est une question à poser à ceux qui ont initié un tel branle-bas, et notamment au président de la Communauté d'agglomération du Puy, monsieur Michel Joubert : quelle mouche vous a piqué ? Qu'est-ce qui vous a pris d'aller attaquer ainsi un honnête hébergement du Chemin, qui s'emploie depuis dix ans à donner aux pèlerins une image plus fraternelle de la route qui mène à Saint-Jacques ? En quoi certains accueils, d'un simple point de vue éthique (puisque judiciairement l'affaire est close) n'auraient-ils pas le droit absolu de dépasser la notion d'argent ? Est-ce que le mot
Liberté possède encore un sens pour vous ? En bref de quoi vous mêlez-vous ?
Quoi qu’il en soit, des centaines de pèlerins se sont levés pour clamer leur indignation . une pétition a déjà circulé, et les courriels de soutien et d’amitié ont crépité chez Marie et Jean-Marc depuis quelques jours. Même s’ils décident de partir, écœurés par cet acharnement, il importe de continuer à leur apporter notre sympathie.
Cette affaire concerne tout le monde :
- les pèlerins en premier, qui ont le droit du choix de leur hébergement.
- les hébergeurs, auxquels on déniera un jour toute liberté d'établissement.
Rappelons-nous la guerre récente entre hôtels et chambres d'hôtes... Ce qu'on ose faire aujourd'hui à un petit accueil chrétien, on vous le fera demain au prétexte que l'eau de votre douche sera trop mouillée.
- les élus des communes riveraines, auxquels certaines structures technocratiques imposeront un jour leur propre
vision du Chemin, et décideront qui a droit de s'y implanter.
Messieurs les justiciers de l'imaginaire, souvenez-vous que le chemin de Compostelle n'appartient à personne, sinon aux pèlerins qui le foulent en ce moment. Les infrastructures qui se sont créées sur l'itinéraire ces trente dernières années ont le droit d'exister et de prospérer, car elles apportent un réel service aux marcheurs, mais leur droit s'arrête
là : elles n'ont pas à décider ce qui est bien ou mal pour le Chemin, qui a le droit de s'y établir et à quelles conditions.
Et ce n'est pas aux élus de la république de décider ce qui sied aux pèlerins, mais aux pèlerins eux-mêmes.
Monsieur le procureur Louvier, monsieur le président Joubert, et monsieur l'adjudant-chef chargé de l'enquête, avez vous marché sur le chemin de Saint-Jacques ? Sans doute non, car si vous n'aviez effectué ne serait-ce qu'une semaine sur ce beau chemin d'histoire, vous y auriez rencontré la fraternité et la bonté, bien loin de l'image que certains vous en ont donnée. Nous vous souhaitons cet été 2015, avant de boucler votre dossier, d'y aller traîner vos chaussures afin de voir ce qu'il est réellement. Petite note de sympathie : l'ancien président des Bâtonniers de France, ancien pèlerin et hospitalier bénévole, a demandé à être inculpé pour complicité de tous les chefs d'accusation précités, puisqu'ayant scandaleusement profité du corpus delicti, lits, table et bouteilles...
L'adresse-courriel de Marie et Jean-Marc :