Espérance

En cette période où « l’Esprit de Noël » devrait souffler, nous vivons collectivement des moments de grande interrogation, voire de profondes inquiétudes. Je vous invite à relire Charles Péguy et à partager le texte rédigé par notre ami et confrère Michel Le Corps.

Bernard Lefils
Grand Commandeur

« C’est la Foi qui est facile et de ne pas croire qui serait impossible. C’est la Charité qui est facile et de ne pas aimer qui serait impossible. Mais c’est d’espérer qui est difficile…
Et le facile et la pente est de désespérer, c’est la grande tentation.
La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut ; sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance s’avance…
C’est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la Foi ne voit que ce qui est. Et elle (l’espérance) voit ce qui sera.
La Charité n’aime que ce qui est. Et elle (l’espérance) aime ce qui sera. »

(Charles Péguy – Le porche du mystère de la deuxième vertu)


L’espérance est une petite voix qui vous assure que rien n’est jamais perdu. C’est une manière de regarder la vie, non comme un mal, mais comme une promesse de vie. Pour de nombreuses personnes, Noël est une fête de famille et d’espérance pour une future année, sereine et chargée de promesses.
Mais quelle est la signification de cette fête ?
Le nom de Noël est dérivé du latin « natalis » (relatif à la naissance), pas celle du Père Noël, bien sûr, mais celle de l’enfant Jésus.
Qu’y-a-t-il de plus beau que la naissance d’un enfant pour symbole de l’espérance ?
Selon les historiens, la date du 25 décembre n’est pas celle de la venue au monde de Jésus. Elle a été choisie symboliquement car elle correspond à d’anciens rites célébrant le solstice d’hiver (21/22 décembre, jours les plus courts de l’année). Elle représente la renaissance de la lumière après la nuit la plus longue, et donc l’Espérance de la Lumière qui croît. C’était  l'espoir de voir le soleil venir, à nouveau, réchauffer notre terre après de longs mois d'hiver.

Pour les chrétiens, cette naissance représente l’espérance du retour définitif de Dieu. C’est cette certitude qui transcende les moindres petits actes de notre vie. Cette certitude, c’est l’espérance d’une éternité qui permet d’accepter l’angoisse de la mort et, en même temps, de vivre dans la joie.
Mais l’espérance n’est pas l’apanage exclusif des croyants, elle constitue une dynamique qui nous mobilise pour avancer sans découragement.

Pouvons-nous vivre sans l’espoir d’accomplir nos projets ou nos rêves ?
Comment se comporterait le malade sans l’espoir d’une guérison ?
Comment réagirait une personne en grande difficulté matérielle sans l’espérance d’une amélioration de son sort ?
Et ces émigrés qui traversent la mer au péril de leur vie, tenteraient-ils de quitter leur terre natale s’ils n’avaient l’espérance d’une vie meilleure ou simplement de sauver leur vie ?

Lorsqu’une personne met fin à ses jours, nous employons l’expression « elle a perdu le goût de vivre », en réalité elle a perdu l’espérance.
Éternelle question : Pourrions-nous vivre sans espérance ?
L’Espérance est indispensable au désir de vivre, sinon pourquoi vivre ?

ULTREIA

Michel Le Corps
Jacquet d’Auvergne